Situation administrative

Département : Côtes d’Armor
Arrondissement : Dinan
Canton : Ploubalay
Communauté de communes : DINAN AGGLOMÉRATION

Code INSEE : 22302
Code postal : 22750

Superficie : 292 ha
Population : 906 habitants
Densité : 310.3 hab/km2
Latitude : 48° 35′ 52″ Nord
Longitude : 2° 11′ 20″ Ouest

Maire : Jean-Luc PITHOIS

Saint-Jacut de la mer est jumelé avec Kidwelly (Pays de Galles)

Histoire

Saint-Jacut de la Mer en (très) bref… Par Dominique Brisou

La plus ancienne trace connue de présence humaine est le menhir couché qui se trouve au pied de la Pointe du Chevet : il date du Néolithique. Les traces d’une cabane circulaire, identifiées sur l’îlot de Grande Roche, datent de l’Âge du Bronze ancien final (2600 à 2000 av. J.C.). Quant au village coriosolite de l’île des Ebihens, il fut occupé du IIème siècle av. J.C. à la fin du Ier siècle ap. J.C.. Sur un îlot des Haches, au nord des Ebihens, une sépulture gauloise a été mise à jour, montrant une petite nécropole à inhumation contenant sept squelettes. Pour la période allant du IVème au XIème siècle aucuns vestiges ni documents n’apportent de témoignage sur le site de Saint-Jacut.Une tradition, fondée sur un manuscrit latin anonyme du XIème siècle, rapporte qu’un moine chrétien nommé Iagu aurait créé un ermitage « en l’Isle de Landoac », lieu qui correspondrait à notre site. Sous la poussée de « la peste, la famine, la guerre civile et étrangère », ce religieux serait venu de « l’île de Bretagne » avec sa famille composée de son père Fragan, sa mère Gwenn, sa soeur Creirvie et ses deux frères, Guénolé et Guéthenoc. Aucune archive n’atteste cette tradition. Iagu aurait vécu ici jusqu’à sa mort au début du Vème siècle.L’histoire certaine d’un lieu voué à ce saint commence au tout début du XIème siècle, quand l’abbé Hinguethen fonda à l’emplacement de l’actuelle abbaye un monastère d’hommes appliquant la règle de saint Benoît. Le culte de saint Jacut s’y développa et se répandit même dans toute la Bretagne.Jusqu’en 1471 le monastère fonctionna sous la gouverne d’un abbé élu, autorité spirituelle, mais aussi gestionnaire du « temporel », c’est-à-dire des biens et revenus dont on avait richement doté son couvent au fil du temps. Ces donations, situées dans toute la Bretagne, comprenaient aussi bien des revenus d’églises que des exploitations agricoles ou des « dîmes ». C’est au cours de la première moitié du XIVème siècle que le monastère bénéficia de la protection du duc de Bretagne et également de celle du Roi de France. Dès lors ses armes furent celles de la maison de Bretagne : « d’argent semé d’hermines de sable ». Les religieux firent souvent l’objet d’agressions violentes au cours de la guerre de Succession de Bretagne (1341-1365). C’est entre 1390 et 1471 que le monastère vécut sa période la plus faste, grâce à la bonne gouvernance de ses abbés, parmi lesquels, de 1443 à 1461, Guillaume Milon fut le plus brillant.

De 1471 à 1647 le monastère fonctionna sous le régime de la « commende », c’est-à-dire gouverné par un abbé nommé par le pouvoir politique. Cet « abbé commendataire » ne résidait pas habituellement au monastère, sauf pour y percevoir régulièrement ses revenus. Ce système fut très préjudiciable à la bonne marche des affaires spirituelles, tout autant qu’au bon état des bâtiments, l’abbé négligeant leur entretien afin de ne pas amputer ses revenus. Les tentatives de retour à un abbé élu échouèrent. Les troubles religieux de la seconde moitié du XVIème siècle, concrétisés en Bretagne par la guerre de la Ligue (1590-1598), donnèrent le coup de grâce. En 1604 le monastère était en ruines, et le « service divin » y était négligé.
C’est alors que Pierre de Francheville, pourtant abbé commendataire depuis 1615, mais imprégné de sa mission spirituelle, s’employa à « relever » son couvent. De longues négociations avec la toute nouvelle congrégation des bénédictins de Saint-Maur aboutirent à la reprise de l’établissement de Saint-Jacut. De nouveaux bâtiments furent édifiés, plus vastes afin accueillir de nombreux moines, et l’église abbatiale fut transformée. Une vie religieuse active reprit avec ferveur … Pourtant l’oeuvre de décadence allait à nouveau s’installer, car l’idéal monastique fut terni par les idées philosophiques du temps. Le nombre des religieux diminua et ils ne seront plus que six à l’aube de la Révolution. La population recrutée dès l’origine par les moines, pour travailler à leur monastère, avait formé un village. Une église paroissiale avait été édifiée et placée sous le vocable de Notre-Dame de Landoac, mot qui s’est transformé au XVIème siècle successivement en Landoal, Landoual, Landouart. La pêche était l’activité complémentaire de l’agriculture, d’abord dans des pêcheries, puis, à partir de la moitié du XVIIIème siècle avec des bateaux regroupés en flottille. La pêche du maquereau deviendra ensuite l’activité principale occupant, de mars à octobre, un grand nombre d’hommes. Les femmes y étaient largement associées, récoltant l’appât et vendant éventuellement le poisson dans les villages alentours.

La défense des côtes, devenue impérieuse sous le règne de Louis XIV, conduisit Vauban à prescrire l’édification d’un ouvrage militaire sur l’île des Ebihens. Afin de repousser toute tentative de débarquement une « tour de mousqueterie » fut construite de 1694 à 1697 sur le plus haut point de l’île,.
La Révolution donna un coup fatal au monastère. Les derniers religieux furent chassés, les bâtiments d’abord loués puis vendus, furent ruinés, de sorte qu’en 1810 il n’en restait plus que les fondations. Sur celles-ci seront construits, à partir de 1835, des bâtiments d’habitation, qui furent vendus en 1875 à une congrégation religieuse de femmes. Une abbaye vit le jour à l’emplacement du vieux monastère, perpétuant ainsi la vocation spirituelle du lieu …

Le village, libéré des contraintes de l’Ancien Régime, avait trouvé son autonomie. Les activités maritimes mais aussi agricoles occupaient une grande partie de la population d’un millier d’habitants. La pêche des huîtres procurait depuis longtemps à quelques-uns une ressource lucrative. La naissance de l’ostréiculture vers 1870 permit de rationaliser la production de ce précieux fruit de mer. Mais la pêche du maquereau restait pour le plus grand nombre un moyen essentiel de subsistance saisonnier. La terre procurait froment, orge et blé noir. On cultivait aussi le lin. L’élevage concernait vaches, moutons et cochons.

En vertu de la loi Guizot de 1833 une école de garçons fut construite à Saint-Jacut de 1839 à 1842. Cette capacité d’instruire contribua à élever le niveau social du village. De nombreux enfants furent dès lors orientés vers des études maritimes qui leur permirent d’obtenir un brevet de capitaine au long cours ou de cabotage. Bien rémunérés ces marins investirent dans leur habitat. C’est ainsi qu’à partir de 1850 de nouvelles maisons furent construites, tandis que de nombreuses maisons de pêcheurs étaient améliorées par rehaussement et remplacement de la couverture de chaume par des ardoises.Dès la moitié du XIXème siècle le tourisme balnéaire s’installa, créant de nouvelles ressources pour la population. Des résidences secondaires furent construites. Tout au long du XXème siècle le village se développa grâce au tourisme. La presqu’île où il n’y avait autrefois que le bourg et quelques hameaux, se couvrit de maisons de vacances. L’agriculture disparut totalement, puis la pêche vers 1980 …

L’église paroissiale avait été reconstruite de 1725 à 1729. Puis de 1839 à 1841 elle fut agrandie par addition d’un transept. En 1842-43 on lui donna une « tour à cloches » en façade. Au début du XXème siècle l’édifice était bien délabré. En 1928 le recteur Jules Gourio décida d’en construire une nouvelle, apte à recevoir tous les paroissiens d’été. Le projet aboutit grâce à la volonté et à la générosité des Jaguens. Elle fut bénie avec faste le 31 juillet 1932.

On restaura à cette occasion un vieux culte médiéval voué à saint Christophe. Saint-Jacut de la mer a peut-être été une île dans des temps anciens. Cette situation géographique conféra aux habitants des particularismes propres aux populations insulaires. Ils tenaient à distance les habitants des communes voisines, entretenant même avec eux des relations conflictuelles liées à des disputes de zones de pêche. C’était le cas, en particulier, avec les Castins (de Saint-Cast-Le Guildo). A la fin du XIXème siècle Paul Sébillot a tiré de ces querelles quelques anecdotes savoureuses.

Pour en savoir plus …

Guide historique de Saint-Jacut de la mer : Des origines à 1900 ; Dominique Brisou
Editeur : Les Amis du Vieux Saint-Jacut
Ce guide vient de paraître. Vous pouvez l’acquérir au prix de 25 euros (422 pages au format 150 x 210 mm, dos carré collé cousu)
-à la Maison de la Presse de Saint-Jacut de la mer,
-à l’Office de Tourisme de Saint-Jacut,
-à l’Abbaye de Saint-Jacut,
-sur le marché de Saint-Jacut le vendredi, près de Huit à 8,
-chez l’auteur, La Hune, rue de la Manchette, 22750 Saint-Jacut de la mer
-par correspondance en passant commande sur papier libre à l’auteur (rajouter 5,10 € pour les frais de port).